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Rome : La Conférence Mondiale des Instituts Séculiers a un nouveau Conseil

Le cardinal Joao Braz de Aviz, et Nadège Vedie

L’Assemblée générale de la Conférence Mondiale des Instituts Séculiers a clôturé hier des travaux denses. Ouverte par le cardinal brésilien João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, qu’on voit ici accueilli par Nadège Vedie (France) qui a présidé la Conférence mondiale lors des quatre dernières années, elle s’est terminée avec l’élection du nouveau Conseil exécutif, chargé de «prendre soin» des Instituts séculiers pour les quatre prochaines années. Ont donc été élus :

le nouveau conseil exécutif de la CMIS

Le nouveau Conseil exécutif de la CMIS : (à partir de la gauche) : A. Vendramin, M. Palazzi, T. D’Oria, L. Fernandes, J. Spilarewicz, M. de F. Henriquez Pérez, E. C. Fleita, M. Caron.

  • Jolanta Spilarewicz, présidente (Pologne)
  • Elba Catalina Fleita, conseil de présidence (Brésil)
  • Margherita Palazzi, conseil de présidence (Italie)
  • Françoise Beroudiat (France)
  • Marcel Caron (Canada)
  • Theresa D’Oria (Italie)
  • Lily Fernandes (Inde)
  • Maria de Fátima Henriquez Pérez (Espagne)
  • Antonio Vendramin (Italie)

Les 9 membres viennent ainsi de 7 pays appartenant à 3 continents : Europe, Amériques, Asie – seules l’Afrique et l’Océanie n’ayant pas de représentants dans le Conseil exécutif dont il faut noter qu’il compte un prêtre pour huit laïcs, ce qui est assez représentatif de la proportion des uns et des autres parmi les Instituts séculiers.

Deux réflexions majeures avaient été inscrites au programme de cette Assemblée : l’une sur l’identité des Instituts, l’autre sur la formation dans les Instituts. Il est clair que toutes les deux s’inscrivaient dans le prolongement de l’année de la Vie consacrée, notamment de la rencontre qui marquait la clôture de cette année pour le 2 février. Quant au souci de formation, il a été omniprésent lors de cette année, notamment avec la rencontre mondiale des jeunes consacrés qui eut lieu du 15 au 19 septembre 2015.

audience avec le Saint Père

Les délégués de la CMIS saluent le Saint Père lors de l’audience du 24 août sur la place Saint-Pierre

La formation a sans doute été le sujet le plus traîté de l’Assemblée. S’il n’est pas probablement pas très nouveau d’insister sur la formation de base chrétienne, sur la priorité de la formation humaine ou sur l’éducation à la pensée critique, le risque de ce type de réflexion est toujours de ne vouloir rien oublier et d’entasser les exigences sans hiérarchisation ou perspective qui puisse apporter une aide véritable en situant des priorités. Cependant, une préoccupation plus nouvelle semble s’être fait jour. Alors que, pendant des années, on a insisté sur l’inculturation, puis sur l’acculturation des charismes selon les réalités locales, deux demandes de l’Assemblée générale pourraient attester d’une maturité nouvelle : la première est la requête de mieux connaître comment la sécularité est perçue dans les différentes cultures, la seconde porte sur la nécessité de définir ou redéfinir le langage en tenant compte de la multiculturalité et des époques.

Mieux savoir comment la sécularité est perçue dans les différentes cultures est admettre que le regard sur cette réalité – et peut-être même que la façon de la vivre – peuvent être différents selon les cultures. Alors que pendant de nombreuses années, certains ont été tentés de parler de la sécularité comme d’une réalité une et immuable, qu’il s’agissait seulement d’aménager selon les réalités locales, voici que la demande ouvre à une possibilité de pluralité dans la façon de la comprendre et de la vivre. Par exemple, il ne s’agit plus d’importer un charisme sur un nouveau contenant en tenant compte des particularités locales mais de le vivre, de «l’incarner», selon chacune de ses insertions. De même l’exigence perçue de redéfinir le langage selon les cultures et les temps indique qu’il y a possibilité et même attente d’apports nouveaux différenciés et que pourrait se terminer le temps où certains revendiquaient un discours unique sur et parmi les instituts séculiers – ce qui est pourtant toujours forcément réducteur.

Si on suit cette ligne, on se rend compte alors que la recherche à ce niveau devrait amener une perception nouvelle de l’identité des Instituts séculiers, débarrassée de toute fixation attestant surtout du langage d’une époque ou d’un milieu, et accueillant toute une richesse d’apports multiples. Il n’y a pas de doute qu’ici l’Esprit est en train de souffler pour faire de cette vocation une vocation du troisième millénaire.

Ceci n’était qu’un bref aperçu de cette rencontre importante et il y aurait bien d’autres point à relever, nous y reviendrons demain.

Les Béatitudes des consacrés en formation

Plus de 1200 formateurs à la vie consacrée

Plus de 1200 formateurs à la vie consacrée à Rome

La semaine dernière, du 7 au 11 avril, le Congrès des formateurs à la vie consacrée a réuni au Vatican plus de 1200 responsables venus du monde entier pour s’interroger sur ce que signifie « Vivre dans le Christ selon la forme de vie de l’Évangile« . En période de « crise des vocations  » — elle est réelle —, l’image de si nombreux responsables, parfois vraiment jeunes, était saisissante et le Saint Père François, dans l’audience qu’il a accordée aux participants samedi, n’a pas manqué de relever cet apparent paradoxe.

Le programme du congrès

Le programme du congrès organisé au Vatican par la CIVCSVA

Au terme du congrès organisé par la Congrégation pour les Instituts de vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique, le cardinal João Braz de Aviz a voulu adresser un message à ces formateurs qu’il avait accompagnés toute la semaine. Disons le tout de suite : ce message est une splendeur. À l’heure où j’écris, « Beati voi formatori e formatrici »  semble ne pas être encore traduit en d’autres langues qu’en italien, mais dès qu’il sera en français, il vaudra la peine de le découvrir. En fait, c’est bien chaque formateur qui devrait le recevoir à genoux.

Il compte deux parties principales : tout d’abord un commentaire des Béatitudes selon saint Matthieu où chacune est mise en rapport avec une qualité des formateurs. Ensuite, le message discerne 12 priorités pour le service de la formation – nous y reviendrons demain.

Les Béatitudes des consacrés en formation

Il est impossible de citer entièrement cette application des Béatitudes. Heureux les pauvres en esprit ? Oui, heureux vous qui, vous sentant pauvres en face du sublime devoir de former Christ dans les cœurs, vous confiez à l’action du Saint Esprit… Heureux ceux qui pleurent parce qu’il seront consolés ? Oui, heureux vous quand vous savez partager la fatigue de la conversion avec ceux qui sont en formation…

Mais à travers les Béatitudes que le Christ souhaite appliquer aux formateurs, on peut aussi lire en creux les Béatitudes de ceux et celles qui sont entrés en formation sur le chemin de la vie consacrée. Cela pourrait donner aussi :

Des formateurs, souvent jeunes, venus de toutes les parties du monde

Des formateurs, souvent jeunes, venus de toutes les parties du monde

Heureux ceux qui ont été confiés à l’action de l’Esprit Saint pour que Christ soit formé en eux.

Heureux ceux qui éprouvent que leur lenteur à progresser ne trouve que patience et confiance de leurs formateurs.

Heureux ceux qui peuvent trouver une oreille et un cœur pour accueillir leurs découragements et leurs souffrances avec la miséricorde et la tendresse du Père.

Heureux ceux qui éprouvent qu’on ne cherchera qu’à les aider à réaliser le rêve de Dieu pour eux.

Heureux ceux qui sentent que leur formateur voit le feu qui brûle leur cœur malgré les cendres qui tentent de le recouvrir et leurs misères.

Heureux ceux qui vivent en se sachant accompagnés par un regard tout à l’image de celui de Dieu : un regard qui sait aussi voir Dieu dans leur cœur.

Heureux ceux qui éprouvent que ce temps de formation qui leur est donné est facteur en eux de paix et d’unité intérieure.

En fait, oui, heureux sont-ils ceux à qui le Seigneur a donné de s’engager sur ce chemin de formation à la vie consacrée. Y a-t-il beaucoup de lieux où ils puissent se sentir autant accueillis par un ou une autre qui a fait un jour le même chemin qu’eux ? Alors s’expliquent les paroles de François lors de l’audience qu’il accordait aux membres du Congrès :

« Les jeunes ont besoin d’expérimenter… qu’il y a une grande liberté dans une vie obéissante, une grande fécondité dans un cœur vierge, une grande richesse quand on ne possède rien. »