Monthly Archives: août 2016

Message du pape François aux Instituts séculiers

audience avec le Saint Père

DERNIERE MINUTE : à la fin de l’Assemblée générale de la Conférence Mondiale des Instituts Séculiers, ce 26 août, le Pape François a adressé un message à Nadège Vedie, présidente du Conseil exécutif. Le texte intégral de la lettre, signée par le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, n’a pas encore été rendu public, mais plusieurs médias du Saint-Siège, notamment Radio Vatican, se sont fait l’écho d’extraits.

Pietro Parolin

Le cardinal Pietro Parolin

Cependant, quelques-unes de ses expressions sont déjà des indices sur le message que tient à envoyer le François : « Apportez le ciel sur la terre ­» dit le Saint-Père, « en vivant une spiritualité capable de conjuguer les critères qui vienne ‘d’en haut’, de la grâce de Dieu et les critères qui viennent ‘d’en bas’, de l’histoire humaine. ­» François insiste : il ne s’agit pas d’être « d’abord laïcs puis consacrés, pas plus que d’abord consacrés puis laïcs, mais d’être simultanément des laïcs consacrés ­». L’insistance met le doigt sur le risque majeur auquel sont toujours exposés les membres des Instituts séculiers: celui de privilégier une perspective plus que l’autre. En même temps, cette  insistance explique le programme que le Pape François trace aux Instituts séculiers : « Aujourd’hui est demandée aux Instituts séculiers une synthèse renouvelée, toujours en tenant fixe le regard sur Jésus, et en étant en même temps immergés dans la vie du monde. »

Que soit venu le temps d’une synthèse renouvelée dit tout l’actualité de notre vocation et ce doit être une source de joie pour tous ceux qui y sont appelés. On comprend mieux pourquoi alors ils pourront former une « aile avancée de l’Église dans la nouvelle évangélisation ­» Le leur proposer est leur manifester toute la confiance de l’Église. Naturellement, dès que le message sera intégralement publié, nous le communiquerons.

Rome : La Conférence Mondiale des Instituts Séculiers a un nouveau Conseil

Le cardinal Joao Braz de Aviz, et Nadège Vedie

L’Assemblée générale de la Conférence Mondiale des Instituts Séculiers a clôturé hier des travaux denses. Ouverte par le cardinal brésilien João Braz de Aviz, préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, qu’on voit ici accueilli par Nadège Vedie (France) qui a présidé la Conférence mondiale lors des quatre dernières années, elle s’est terminée avec l’élection du nouveau Conseil exécutif, chargé de «prendre soin» des Instituts séculiers pour les quatre prochaines années. Ont donc été élus :

le nouveau conseil exécutif de la CMIS

Le nouveau Conseil exécutif de la CMIS : (à partir de la gauche) : A. Vendramin, M. Palazzi, T. D’Oria, L. Fernandes, J. Spilarewicz, M. de F. Henriquez Pérez, E. C. Fleita, M. Caron.

  • Jolanta Spilarewicz, présidente (Pologne)
  • Elba Catalina Fleita, conseil de présidence (Brésil)
  • Margherita Palazzi, conseil de présidence (Italie)
  • Françoise Beroudiat (France)
  • Marcel Caron (Canada)
  • Theresa D’Oria (Italie)
  • Lily Fernandes (Inde)
  • Maria de Fátima Henriquez Pérez (Espagne)
  • Antonio Vendramin (Italie)

Les 9 membres viennent ainsi de 7 pays appartenant à 3 continents : Europe, Amériques, Asie – seules l’Afrique et l’Océanie n’ayant pas de représentants dans le Conseil exécutif dont il faut noter qu’il compte un prêtre pour huit laïcs, ce qui est assez représentatif de la proportion des uns et des autres parmi les Instituts séculiers.

Deux réflexions majeures avaient été inscrites au programme de cette Assemblée : l’une sur l’identité des Instituts, l’autre sur la formation dans les Instituts. Il est clair que toutes les deux s’inscrivaient dans le prolongement de l’année de la Vie consacrée, notamment de la rencontre qui marquait la clôture de cette année pour le 2 février. Quant au souci de formation, il a été omniprésent lors de cette année, notamment avec la rencontre mondiale des jeunes consacrés qui eut lieu du 15 au 19 septembre 2015.

audience avec le Saint Père

Les délégués de la CMIS saluent le Saint Père lors de l’audience du 24 août sur la place Saint-Pierre

La formation a sans doute été le sujet le plus traîté de l’Assemblée. S’il n’est pas probablement pas très nouveau d’insister sur la formation de base chrétienne, sur la priorité de la formation humaine ou sur l’éducation à la pensée critique, le risque de ce type de réflexion est toujours de ne vouloir rien oublier et d’entasser les exigences sans hiérarchisation ou perspective qui puisse apporter une aide véritable en situant des priorités. Cependant, une préoccupation plus nouvelle semble s’être fait jour. Alors que, pendant des années, on a insisté sur l’inculturation, puis sur l’acculturation des charismes selon les réalités locales, deux demandes de l’Assemblée générale pourraient attester d’une maturité nouvelle : la première est la requête de mieux connaître comment la sécularité est perçue dans les différentes cultures, la seconde porte sur la nécessité de définir ou redéfinir le langage en tenant compte de la multiculturalité et des époques.

Mieux savoir comment la sécularité est perçue dans les différentes cultures est admettre que le regard sur cette réalité – et peut-être même que la façon de la vivre – peuvent être différents selon les cultures. Alors que pendant de nombreuses années, certains ont été tentés de parler de la sécularité comme d’une réalité une et immuable, qu’il s’agissait seulement d’aménager selon les réalités locales, voici que la demande ouvre à une possibilité de pluralité dans la façon de la comprendre et de la vivre. Par exemple, il ne s’agit plus d’importer un charisme sur un nouveau contenant en tenant compte des particularités locales mais de le vivre, de «l’incarner», selon chacune de ses insertions. De même l’exigence perçue de redéfinir le langage selon les cultures et les temps indique qu’il y a possibilité et même attente d’apports nouveaux différenciés et que pourrait se terminer le temps où certains revendiquaient un discours unique sur et parmi les instituts séculiers – ce qui est pourtant toujours forcément réducteur.

Si on suit cette ligne, on se rend compte alors que la recherche à ce niveau devrait amener une perception nouvelle de l’identité des Instituts séculiers, débarrassée de toute fixation attestant surtout du langage d’une époque ou d’un milieu, et accueillant toute une richesse d’apports multiples. Il n’y a pas de doute qu’ici l’Esprit est en train de souffler pour faire de cette vocation une vocation du troisième millénaire.

Ceci n’était qu’un bref aperçu de cette rencontre importante et il y aurait bien d’autres point à relever, nous y reviendrons demain.

L’Assemblée générale de la Conférence mondiale des instituts séculiers à Rome

Rome

Du 21 au 25 août, environ 140 Responsables généraux des instituts séculiers sont réunis à Rome pour l’Assemblée générale de la Conférence mondiale des instituts séculiers – la CMIS. La date en est particulière alors que vient de se terminer l’année de la Vie consacrée et que l’an prochain, en 2017, verra la célébration des 70 ans de Provida Mater Ecclesia, la Constitution apostolique par laquelle Pie XII donnait naissance aux instituts séculiers, à cette nouvelle vocation, don de Dieu pour l’Église et le monde. On comprend donc pourquoi le programme – dense – de la rencontre de ces jours-ci comprend une réflexion sur la formation et l’identité des instituts séculiers.

Radio Vaticana

L’espérance de l’Église

Radio Vatican a déjà donné un bon écho à la rencontre, notamment avec une interview du cardinal João Braz de Aviz, le préfet de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, la CIVCSVA. Le cardinal – qui ouvrait les travaux de l’Assemblée –attend beaucoup de cette vocation et le titre de Radio Vatican  dit déjà une des attentes principales de l’Église vis-à-vis des membres d’instituts séculiers : qu’ils soient les semences par lesquelles l’Évangile pénètre dans le monde et le transforme de l’intérieur.

Au milieu du monde

Vivre vraiment dans le monde et du monde : dans la grande via del Corso (by Alessio Damato, CC)

Il faut aussi noter l’interview de Giorgio Maria Mazzola, membre du Conseil exécutif de la CMIS. Interrogé par le journaliste Paolo Ondarza, son intervention, même brève, nous semble intéressante :

«­ Naturellement, nous devons servir l’Église, mais la première façon de le faire et de vivre vraiment dans le monde et de vivre du monde. C’est une évangélisation qui passe avant tout par la manière de faire plus que par les paroles. Mais c’est une évangélisation très importante parce qu’elle est en vérité insérée dans des contextes normaux : le travail, la politique, l’administration. C’est surtout cela notre façon d’évangéliser et, dirai-je aussi, une façon de constater combien la vie comporte très souvent des éléments de vie évangélique qu’on ne peut reconnaître que parce que l’Esprit agit où il veut et comme il veut. »

Trois indications à retenir ici : la première est que la plupart des cadres de vie dans le monde sont ouverts aux membres d’instituts séculiers : dire le travail, la politique, l’administration est dire qu’aucun secteur professionnel ou de la vie des hommes n’est étranger à l’investissement de ces personnes consacrées. Ce serait une erreur de les cantonner à des tâches sociales ou… au service pastoral.

Ngoc Ha Market à Hanoi

Vivre vraiment dans le monde et du monde : Ngoc Ha Market à Hanoi (by Dragfyre, CC)

Tout aussi important apparaît le regard porté sur le monde : il s’agit de reconnaître les éléments de vie évangélique qui attestent déjà du travail de l’Esprit. Ainsi, le membre d’Institut séculier, laïc ou prêtre, s’exerce à reconnaître la présence de l’Esprit dans les réalités du monde où il est inséré. Son regard a en quelque sorte un a priori positif sur ce monde pour savoir en relever les beautés qu’y fait naître le Créateur avec qui il veut coopérer.

Servir l’Église est une nécessité pour les membres des Instituts, mais Giorgio Maria Mazzola nous rappelle l’importance de la mettre au milieu du monde pour qu’elle puisse l’irriguer pour y faire germer et réussir le projet de Dieu. C’est bien la Mission des membres des Instituts séculiers. Qui niera qu’elle est aujourd’hui essentielle pour le monde et l’Église ? Qui aura assez d’amour pour mettre toutes ses capacités, tous les dons qu’il a reçus pour travailler à faire advenir le Royaume ?